Voila un texte écrit par une participante après une expérience vécue lors d’un stage Matrix. Cette réalisation de la nature même de la relation à sa mère a continué à évoluer lors de séances privées ultérieures. Ce qui est important de noter c’est que Matrix – le Ré-encodage de la Matrice – permet d’avoir une expérience directe, totalement ressentie physiquement et émotionnellement sans obligatoirement passer par le verbal.

Cet accès au non verbal, du domaine du cerveau gauche, est ce dont l’enfant fait typiquement l’expérience. La possibilité de ré-imprimer des expériences réparatrices et positives sont d’une importance capitale pour soigner les troubles de l’attachement.

Une histoire de glace et de gratitude.

Préambule : A 16 ans, ma mère est décédée d’un cancer après deux ans de lutte. A 16 ans, je perdais ma mère et la possibilité de réparer le manque de liens entre nous, du moins c’est ce que j’ai longtemps cru… Pendant des années, à travers diverses thérapies (analyse, hypnose, EMDR…) j’ai « travaillé » ce double deuil. La douleur a grandement diminué et j’ai pu avancer dans la vie, mais quelque part je restais identifiée à mon histoire, à mon passé. La séance de Matrix que je relate dans les lignes suivantes m’a permis de comprendre, de ressentir dans mon corps ce qu’il s’était passé et surtout de réparer les blessures (la mienne mais probablement aussi celle de ma mère) pour enfin déployer mes ailes au présent.

Ce mercredi matin, 3e jour de formation, j’élabore la mind map d’une de mes croyances : « je ne suis pas entendue » en reliant à de nombreux événements du passé, de l’enfance surtout. L’après-midi, suite au partage d’expérience d’une autre stagiaire, une autre croyance me vient à l’esprit en résonance : « je ne peux pas être heureuse avec un homme », croyance sur laquelle je décide de travailler lors de la mise en pratique en binôme.

Ma camarade stagiaire m’invite alors à démarrer sur mon ressenti corporel. Un mal de tête m’apparaît et m’amène, en suivant l’énergie, à penser à ma mère que j’ai toujours connue malheureuse, dans sa relation conjugale avec mon père, dans celle précédente avec un homme marié, et de manière générale dans toute sa vie. Des images me reviennent, notamment une photo dans le jardin chez nous et une scène de fête de famille vue sur une vidéo. Je rentre dans la matrice sur cette scène : ma mère est assise, entourée de personnes de notre famille, mais elle semble complètement isolée, terriblement seule. Je la perçois détachée de ce qui se passe. Comme si le temps s’était arrêté pour elle. La vie s’écoule autour, mais pour elle tout est figé. Je la vois dans une bulle, l’air profondément triste, comme morte,

vivante mais déjà morte. Je voudrais lui parler, la réconforter, mais c’est impossible, elle ne me voit pas, ne m’entend pas. J’ai beau gesticuler, sauter, crier… en vain… elle est inaccessible. Je choisis de faire éclater la bulle avec un petit pic. Elle explose. L’eau se déverse par terre. Je cherche ma mère, mais je ne vois rien, je perçois comme une espèce de déchet, de peau rabougrie par terre, toute petite, qui disparaît peu à peu. Je cherche autour de moi, de tous les côtés, mais je ne la trouve pas. J’aperçois mes grand-parents au bout de la table qui est devenue immense, comme sans-fin. Ils sont figés, ne semblent pas m’entendre non plus, et ils ne m’aident pas. Je suis seule. Une sensation étrange s’installe alors en moi, peu à peu, une sensation jamais ressentie jusqu’à alors : une absence totale d’émotion. Je ne ressens rien. Rien du tout. C’est très étrange. Totalement nouveau. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. « C’est pas moi » me dis-je. Absence totale d’émotions, de ressentis, seulement cette sensation d’étrangeté, étrangeté à moi-même, étrangeté à cette absence de ressentis. Je sens mon corps qui se fige de plus en plus, notamment les épaules qui se transforment en glace et commencent à être douloureuses, comme si je me transformais en bloc de glace géant. Je sens mon corps se durcir comme de la pierre, je peux sentir les cristaux se former dans mes épaules, dans mon dos… C’est terrible. Atroce. Je pense alors aux nombreux patients que je rencontre et qui sont complètement coupés ainsi de leurs émotions, qui ne ressentent rien dans leurs corps. Atroce. Je me sens totalement dissociée. Corps et esprit, deux choses différentes. Je pense à ma mère et comprends que je suis en train de ressentir son absence de ressenti, sa dissociation. Monte alors en moi une profonde tristesse pour elle. C’est tellement terrible d’être ainsi totalement coupée de son corps, de ses émotions. C’est déjà mourir. Je ressens alors le besoin de retourner dans la scène de la matrice. Ma mère est de nouveau là, assise, au milieu de l’agitation familiale ambiante qui est toujours comme sur un second-plan. Elle est là devant moi… en bloc de glace. Je la vois, telle Hibernatus, figée dans la glace, les yeux fixes, un rictus figé et tous les traits blêmes et terrifiants. Je m’avance près d’elle. Peu à peu je ressens une émotion grandir en moi… de la gratitude. De la gratitude pour ma mère qui, malgré son bloc de glace, malgré cette souffrance terrible d’être coupée de son ressenti, a su nous aimer. Avec beaucoup de carences certes, avec tellement peu de présence certes, mais j’ai reçu de l’amour malgré tout. Je ressens cette gratitude dans mon cœur, qui devient une douce et belle chaleur émanant de moi, de tout mon corps, face à elle. Une chaleur qui grandit et… fait fondre la glace. Et libère ma mère… L’eau ruisselle sur elle. Nous sommes l’une en face de l’autre et elle me prend dans ses bras. C’est tellement bon, tellement chaud. Nous baignons dans cet amour, cette lumière merveilleuse… pure énergie que je fais descendre dans ma tête, puis dans toutes les cellules de mon corps, avant de l’amplifier dans mon cœur et de l’envoyer dans toute la matrice de l’univers….

Gratitude. Immense.

Mercredi 12 juin 2013 – Formation Matrix avec Marion Blique à Lyon